DRAME    A Berlin, durant l’avènement du IIIème Reich (1933-1945), HANS T., allemand de souche, héberge en secret son ami juif ALFRED B.  . Pour occuper son temps, Alfred va écrire des romans que malheureusement il ne peut  signer. En accord alors avec Hans, c’est celui-ci  qui les éditera  sous sa propre signature…Et vont remporter  un succès immense en librairie. Mais qu’adviendra-t-il de Hans T. une fois la guerre finie, qui dès lors, ne sera plus dans la peau usurpée de l’auteur célèbre et célébré ?

SYNOPSIS

NEW YORK

Au chevet de son père, KARL ( 25 ans) va de suite comprendre que le vieil homme va mourir.

Il comprend aussi que cet homme réservé, taciturne, avare de
confidences, l’a fait venir pour livrer enfin le récit de sa vie.
Une vie dont KARL ignore presque tout.
Oui quel a été le destin d’ALFRED B, juif allemand né à Berlin dans les premières
années du siècle, fin lettré et estimé dans tous les milieux universitaires?
Quelle a été sa vie, sa jeunesse? Aussi – comment son père a-t-il traversé
l’Holocauste ?
Alors d’une voix hachée, tendue, ce père va commencer à raconter.
Confession qui va sceller le fils à son père, bien au-delà des phrases et des mots.

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ALFRED B. était né dans le quartier pauvre de Berlin.
Alors qu’il était à sa dernière année d’études, il fit la connaissance de HANS T.
HANS T. était issu d’une riche famille de Berlin, installée dans l’une des plus belles
maisons du centre ville. Amoureux de  littérature,HANS à l’Université, écoutait toujours avec une admiration non retenue les exposés d’ALFRED
quand venait son tour de parler au pupitre devant ses camarades.
C’est au terme de l’un de ces exposés que HANS se décida enfin à aborder ALFRED.
HANS invita alors ALFRED à la brasserie. Ils discutèrent une longue partie de la
journée. Les deux jeunes gens se quittèrent après comme de vieux complices.

Ils prirent l’habitude de se voir, régulièrement et devinrent amis dans ce romanesque
idéal de l’amitié.

Et puis un jour HANS rencontra MARINA. HANS en tomba instantanément
amoureux…elle était belle.
HANS et MARINA se marièrent en 1932.

Quand Hitler alors triompha aux élections de 1933, nombreux étaient les juifs qui
commencèrent à consentir d’émigrer. Mais ALFRED, lui, se sentait allemand, de
culture allemande, même s’il ne reniait rien de son origine juive, il estimait que la vie
ailleurs n’avait aucun sens.
« La Nuit de Cristal » le plongea toutefois dans le désespoir.
La situation devenant alors de plus en plus dangereuse pour ALFRED, il y eut une
longue conversation entre HANS et lui-même. Le propos de HANS fut alors très
simple : ALFRED devait venir habiter chez eux. Une injonction en fait. MARINA
approuva son mari. ALFRED accepta de s’installer chez HANS.

ALFRED, reclus dans l’appartement sous les combles, depuis le début, n’avait eu
aucun mal à trouver comment occuper son temps. Il écrivait. Il écrivait
inlassablement, tout au long du jour et la plus grande partie de la nuit.
Enfermé dans sa chambre, il recréait un monde. Il écrivait sans cesse,
frénétiquement et même avec une sorte de jubilation.
A la fin, cela fit un livre.
ALFRED entreprit alors la rédaction d’un second manuscrit. Un roman encore.
Ce second manuscrit achevé, ALFRED se décida enfin à montrer son travail à HANS
et à MARINA.

MARINA pleurait ….MARINA a pleuré au terme de la lecture des deux manuscrits.
L’émotion ? L’amitié ? Autre chose ? HANS était bouleversé aussi. Mais à sa
manière à lui.
- Il faut que cela soit publié ! Et il ajouta : « Coûte que coûte ».
Dans un premier temps, ce « coûte que coûte » n’avait pas de signification autre que
l’enthousiasme. Les trois amis discutèrent longtemps, plusieurs nuits de suite des
manuscrits d’ALFRED. Et la solution de publier les livres d’ALFRED s’imposa
finalement, presque naturelle.
HANS n’eut aucun mal à faire éditer d’abord le premier roman de son ami. Mais sous
son nom à lui, un nom aryen de souche, à la réputation irréprochable.
En quelques semaines, l’oeuvre d’ALFRED, petit juif lettré des faubourgs de Berlin, à
travers toute l’Allemagne nazie triomphante, devint un grand succès de librairie …
… Signé par HANS. Et malgré la guerre qui venait de commencer à faire rage dans
toute l’Europe, partout on célébrait HANS T. -
Mais peu lui importait que ses oeuvres paraissent et soient honorées sous la
signature de HANS son ami le plus fidèle, qui chaque jour lui épargnait la mort. Ce
jeu de masques ne le tourmentait pas. Il était le seul possible.
Et les jours coulaient, presque tranquilles. ALFRED écrivait comme un forcené.
Il écrivait toujours, de plus en plus …Et HANS signait, et faisait publier.
On expliquera tout, une fois Hitler vaincu. C’était acquis.

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En 1944 le vent de la défaite commença par souffler pour les Allemands .
HANS reçut l’ordre de revêtir l’uniforme. Il dut partir sur le front de l’Est, lui qui n’avait
jamais tenu une arme en main.

A Berlin, la vie poursuivit son cours. Désormais, ALFRED écrivait sans espoir d’être
publié.
Puis il y avait MARINA ….
Et naturellement ils se sont aimés… Car désormais sous les combles de cette
maison, ALFRED et MARINA vont s’aimer d’une passion sourde.
ALFRED et MARINA devinrent ainsi amants avec une totale simplicité.
L’un et l’autre se sentirent à peine coupables…HANS se sentait-il lui-même coupable
quand il revendiquait sa paternité sur des oeuvres qu’il aurait été bien en peine de
produire?
L’Europe était à feu et à sang …..Et MARINA et ALFRED s’aimaient.
Ils faisaient l’amour en plein coeur de l’enfer. En plein désespoir ils étaient heureux.
Cela leur rongeait le ventre.

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MARINA mourut.
Dans les cieux de Berlin il n’y avait guère de jours où les avions alliés ne déversaient
leur chargement d’engins de mort. Elle revenait d’une course en ville. Aucune sirène
n’avait retenti. L’éclat d’acier la frappa en plein.
Tout était désormais joué. Les troupes soviétiques se trouvaient aux portes de Berlin.
C’était la débâcle.
HANS apparut alors à ce moment là, misérable et dépenaillé. ALFRED lui annonça
alors la mort de MARINA. Tout aussitôt il quitta la maison. Heinrich son fils
s’accrochait à lui.
ALFRED quitta aussitôt après la demeure du centre ville. Il erra longtemps au milieu
d’un pays qui s’écroulait. Malgré tout il survécut.

L’Allemagne vaincue, ALFRED fut tout naturellement recueilli par les services
sanitaires de l’Armée américaine.
Confronté à un choix, celui de partir aux Etats-Unis ou bien émigrer là-bas en
Palestine, il choisit de rester en Allemagne, refusant un exil loin des sources de sa
culture.
En 1948 il se retrouva professeur de littérature comparée à l’Université de Frankfort.
C’était à peu près à cette époque que ses oeuvres romanesques…mais toujours
signées de HANS T. furent rééditées dans de nombreux pays.
Plusieurs livres devinrent des best-sellers.
ALFRED n’en concevait pas d’amertume particulière. Tout cela était du passé pour
lui.

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Et puis, un jour, HANS le retrouva. Ce matin- là à l’Université, ALFRED tenait
conférence devant un amphithéâtre comble.
Il distingua très vite HANS, au dernier rang. Il avait continué son cours. A la fin, une
fois tous les étudiants partis, les deux hommes s’étaient retrouvés seuls
HANS n’avait pas tellement changé. Il affichait quand même quelque chose de
conquérant, le monde n’appartenait-il pas à cet homme là de droit ? N’était-il pas
l’écrivain connu ? Le célèbre HANS T. auteur de livres écrits avant et pendant
l’horreur de la dernière guerre ?
HANS voyageait beaucoup à l’occasion de l’édition de l’un quelconque de ses livres.
-Tes livres ?
-Les tiens ! protesta HANS. Dès aujourd’hui, si tu veux, nous pouvons rendre public
le stratagème ! Je ne suis pas un faussaire ALFRED. Il fallait bien que ces livres
paraissent, tu le sais bien. C’était la seule solution.

Il avait raison. Et puis ALFRED était attaché à ce secret qui murait la période la plus
intense de sa vie. Car c’était aussi le secret de l’amour de MARINA.
Mais à voir HANS s’agiter, il y avait d’autres enjeux dans cette visite. ALFRED
pressentit la demande avant qu’elle ne fût formulée .Il comprenait que HANS était
dans une position intenable.
-Sans toi, je ne suis rien ! lui dit HANS.
Ses éditeurs le harcelaient. Ils ne comprenaient pas ce soudain mutisme .Comment
HANS T., cet auteur qui avait pu produire de si remarquables chefs-d’oeuvre en
pleine horreur nazie, pouvait-il se trouver muet à présent ?
HANS faisait presque peine à voir.
Oui, pendant la guerre et même avant, il avait cru pouvoir s’approprier le génie
d’ALFRED en lui sauvant la vie. En l’hébergeant, il l’avait neutralisé, vampirisé, et
cela bien malgré lui.
ALFRED savait que HANS disait vrai.
-ALFRED j’ai peut-être volé ta gloire, mais c’est toi qui a eu la joie de la création
reconnue, célébrée, partout. Moi il ne me restait qu’illusion. Je veux m’y accrocher
encore, tu comprends?.…ALFRED ! il faut continuer. Continuer à écrire …Pour moi.
A cette demande ALFRED le regarda attentivement. Cet homme lui faisait pitié.
Il lui aurait sans doute tout pardonné si seulement il avait parlé, rien qu’une fois, du
souvenir de MARINA … Mais rien pas un mot…
-D’accord ! dit ALFRED, je te donnerais un dernier roman. Pour toi.
Le soulagement de HANS lui parut misérable.
Il a fallu à ALFRED un an pour retravailler ses notes. Mais à la fin tout était là …De
son histoire avec MARINA. Tout leur amour, toute cette passion qui avait ravagée sa vie. Le livre sortit quelques mois plus tard et connut aussitôt un succès quasi
planétaire.

Puis stupeur qui ébranla tout le monde littéraire, HANS se suicida dans
les jours qui suivirent la parution.

La disparition de HANS n’a jamais délivré et réhabilité ALFRED aux yeux du monde.
D’abord MARINA, puis HANS, il se retrouva seul, atrocement seul avec le secret
dont il était depuis le seul détenteur.

Il n’y a plus que le vieillard, yeux perdus, main
noueuse crispée. KARL sait qu’il doit partir et accepter tout ce qu’il va suivre : la mort
inévitable.
ALFRED veut être seul avec le souvenir de MARINA.

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Quelques jours plus tard, dans le vieux cimetière juif de Berlin, il se recueillera sur la
tombe d’un père encore énigmatique ….Avec un secret à jamais enseveli.

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Notes

« Le masque et la plume » (titre anglais : « Masquerade ») n’est pas un sujet traitant de la « guerre », ni dans la ligne du genre relatant la déportation ou les camps de la mort.
Si du conflit mondial des centaines d’ouvrages et d’oeuvres cinématographiques ont été consacrés à cette époque, où l’on ne vit qu’horreur et destruction, où les cadavres des camps étaient transformés en savon, cette histoire, au contraire, ne
sera qu’un drame qui se déroulera dans une demeure en plein coeur de Berlin pendant les périls et qui relatera l’histoire d’une amitié et celle d’une folle passion amoureuse.
Dans un projet de film, on mettra donc tout d’abord l’accent sur cette amitié même.
Alfred B. et Hans T. étant amis dans un romanesque les plus parfait.
Il faudrait donc faire ressortir toute l’admiration que Hans T. portait réellement sur Alfred B., ainsi tout ce qui l’attirait vers lui, cela malgré sa propre ascendance d’allemand pure race.
Quant à Alfred B., issu d’une famille modeste des faubourgs de la ville, de confession juive et brillant universitaire, on montrera de lui les réactions d’un homme qui avait trouvé en Hans T. quelqu’un qui répondait à l’idéal d’un ami.
Restés toujours inséparables même quand survint le nazisme et avec toutes les perturbations politiques qui en résultèrent, Hans T. va sauver la vie de son ami  en le cachant chez lui.
Le film basculera alors dans un huis-clos, le bruit et la fureur du dehors ne seront qu’évoqués au cours de ce drame.
Mais malgré les sentiments d’amitié qui les ont toujours liés, une blessure cependant ne va jamais se cicatriser, cela à cause d’une passion pour la même femme …
La réalisation d’un film essaiera donc de nous faire explorer cette amitié avec ses replis obscurs.

Copyright  USA

SACD   Rue Ballu

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